Alors que les protestations contre le régime iranien ont déjà fait 31 morts, cette réaction du président Raïssi ne risque pas d’apaiser les tensions dans son pays.IRAN –
Une absence remarquée. Depuis la mort de la jeune Mahsa Amini, tuée le 16 septembre après avoir été arrêté par la police des mœurs iranienne pour ne pas avoir été suffisamment couverte par son hijab, un important mouvement de protestation traverse l’Iran et sa capitale Téhéran.
Après 40 minutes à attendre le chef d’État, elle explique qu’un assistant s’est présenté à elle pour une demande singulière : « Le président, a-t-il dit, suggérait que je porte un foulard, car ce sont les mois sacrés de Muharram et de Safar ». Une requête « poliment refusée » par Christiane Amanpour, qui justifie ce refus : « Nous sommes à New York, où il n’y a ni loi ni tradition concernant le foulard. J’ai souligné qu’aucun ancien président iranien n’a exigé cela lorsque je les ai interviewés en dehors de l’Iran ».
Face au refus de la journaliste, qui a tout de même interviewé tous les présidents iraniens depuis 1995, l’assistant d’Ebrahim Raïssi explique alors que l’entretien n’aura pas lieu en raison de ce refus de dernière minute.
Évoquant une « question de respect » et la situation actuelle en Iran, l’assistant s’est une nouvelle fois confronté au refus de la journaliste de CNN de se plier à cette condition. Une occasion manquée que n’a pas manqué de regretter la reporter du média américain sur Twitter. « L’entretien n’a pas eu lieu. Alors que les manifestations se poursuivent en Iran et que des gens sont tués, cela aurait été un moment important pour parler avec le président Raïssi », conclut-elle.
Christiane Amanpour ajoute d’ailleurs à son dernier tweet une photo lourde de sens, où l’on peut la voir, sans foulard, face à la chaise vide du président iranien. Une manière pour la journaliste de témoigner à sa manière de la situation à Téhéran, où même l’accès à WhatsApp et Instagram (les deux derniers réseaux étrangers encore actifs en Iran) a été totalement bloqué par les autorités pour endiguer le mouvement de contestation grandissant et ainsi limiter la propagation d’images hors des frontières iraniennes.
Depuis la mort de Mahsa Amini, des manifestants ont pris d’assaut les rues d’une quinzaine de villes d’Iran, bloquant la circulation, incendiant des poubelles et des véhicules de police, lançant des pierres sur les forces de sécurité et scandant des slogans hostiles au pouvoir. Cette révolte qui a déjà fait 31 morts a aussi donné lieu à des scènes édifiantes de femmes contestant publiquement le code vestimentaire strict de la République islamique d’Iran en brûlant leur foulard, en signe de rébellion.